Les autres.
Les autres et moi.
Est-ce que j'aime autant qu'on m'aime ?
J'adore les gens. Vraiment ! J'adore faire des rencontres, parler, découvrir leur histoire. Je suis toujours cette personne, lors d'une rencontre, qui est elle-même à 100%. Bon, sûrement peut-être un peu trop franchement et honnêtement, mais je n'y peux rien. Je pose énormément de questions. Je veux connaître mon interlocuteur, je veux savoir pourquoi il est là, ce qu'il pense, quelles sont ses convictions, ses valeurs, le bout de chemin qu'il déjà pu traverser. Pourquoi ? Parce que j'adore. J'adore l'humain et, par-dessus tout, j'adore la différence, la diversité. J'adore écouter et découvrir l'histoire de chacun. Ne trouves-tu pas fascinant le nombre de chemins qu'il est possible de se créer en ayant à peu près tous les mêmes cailloux au début de notre vie ?
Chacun a son histoire à raconter, et chacun se construit un peu des rencontres qu'il fait. Alors moi, je m'attache. Peut-être un peu trop. Qualité ou défaut je ne sais pas mais, plus j'y réfléchis et plus je me dis que ça n'a pas toujours joué en ma faveur. Parce qu'après, c'est moi qui garde les séquelles. Parce que quand la personne a décidé de partir, c'est moi qui garde les souvenirs. Parce que quand la personne a décidé de partir, c'est moi qui reste. Toujours. Fidélité dans ses extrêmes, voilà ce que cela donne. Aimer de toute son âme, de toutes ses forces pour, qu'au final, la personne en face de moi ne me retourne pas la pareille. Pas de la même manière, pas avec la même intensité. Pour ça, la vie est injuste. Elle ne fait pas le même cadeau à tout le monde : j'ai un grand cœur qui n'attend que de se remplir des plus beaux sentiments qui puissent exister tandis que d'autres, à l'inverse, n'ont reçu qu'un petit cœur capable de ne penser qu'à lui et quelques autres personnes dont, la majorité du temps, je ne fais pas partie.
Dès lors, une question se pose : soit le problème vient de moi. Je m'attache trop, j'en attends trop, je suis trop. Soit le problème vient aussi de moi, mais cette fois il est tout autre : je ne m'attache pas aux bonnes personnes. Et, d'après les lumières de mon esprit, la réponse est on ne peut plus évidente : je suis le problème dans les deux cas. Je m'attache trop, et je ne m'attache pas aux bonnes personnes.
En fait, oui et non. Je pense une chose pour affirmer son contraire quelques lignes plus tard, n'est-ce pas ? Tiens bon mademoiselle, et reste accrochée au fil de mes pensées comme j'essaie de le faire ! Je disais : c'est vrai. Sans l'être. Mais commençons par ce qui est vrai, par cette seule certitude encore inébranlable.
J'en attends trop. Quand je rencontre quelqu'un et que je sens une connexion avec cette personne, je me dis, "C'est bon Marine, tu peux y aller." Alors j'apprends à connaître la personne, nous échangeons nos numéros (insta et compagnie en réalité, tu t'en doutes, mais ça faisait plus stylé de croire qu'on peut encore, de nos jours, s'échanger des numéros), et je prends des nouvelles de la personne. Et, dans une grande majorité de cas, ou tout du moins dans la plupart des rencontres que j'ai pu faire jusqu'ici, le vent ne souffle que dans un sens : la personne accepte joyeusement que je prenne de ses nouvelles, accepte joyeusement que nous nous revoyons. Parce que je l'ai proposé. Mais, si je décide de me laisser, moi aussi, porter par le vent de cette relation, crois-moi que je ne vais pas être portée très loin. Plus exactement, je vais faire un beau surplace. Parce que la personne repart dans son monde. Elle ferme à nouveau son monde, elle s'enferme à nouveau dans sa bulle. Et ça me tue. Bon, plus ou moins selon les personnes, l'évidence va d'elle-même. Mais j'en suis toujours au minimum grandement peinée. Parce que la personne ne reviendra pas me voir. Elle ne reviendra pas prendre de mes nouvelles, elle ne me dira pas que telle ou telle chose lui a, un court instant, fait penser à moi. Elle ne le fera pas, parce que son monde est bien trop parfait pour me laisser y rentrer, parce que sa vie est bien trop importante pour daigner s'intéresser à celle des autres. Ne vois pas là une critique abjecte, ce n'est ni l'idée ni le cas. Il ne s'agit-là que d'un constat, un simple constat basé sur les expériences empiriques que j'ai pu vivre.
Pourquoi les autres sont comme ça, pourquoi sont-ils si fermés ? Pourquoi ne semblent-ils pas vouloir de moi, alors même que nous avons pu passer de très bons moments ? Pourquoi le monde des gens est-il si fermé, pourquoi ne laissent-ils pas place à la beauté, à l'imprévu d'une rencontre ?
Soit ces questions se tiennent et résonnent dans le monde qui nous entoure soit, une fois de plus, je suis le problème. Je suis le problème parce que je pense de cette manière si peu commune. Je suis le problème parce que je dis franchement le problème du monde, des autres, du monde des autres. Suis-je le problème parce que je ne comprends pas ? Suis-je le problème parce que je pense à l'envers, parce que je vois à l'envers et que le monde ne fonctionne pas comme cela ?
Libre à toi de penser ce que tu veux : que le problème est le monde, que je suis le problème, que le problème vient du monde et de moi.
La deuxième hypothèse est la suivante: je ne m'attache pas aux bonnes personnes. Il est vrai, durant quelques années, ou plutôt un bon nombre d'années, je ne suis pas allée vers les bonnes personnes. Parce que je n'étais que l'ombre de moi-même, j'allais vers l'ombre des personnes vers qui j'aurais "normalement" dû aller. Aucune des personnes que je ne rencontrais n'était en accord avec moi, avec mon vrai moi. Mais elles étaient toutes en accord avec l'ombre de moi-même, sans l'ombre d'un doute (apprécions ce doux jeu de mots).
L'ombre de moi-même faisait donc des rencontres. Et mon ombre avait des sentiments ! Mais les autres, non. Pas de sentiments. Pourquoi ? Parce que nous n'étions pas faites pour être ensemble, amis, amies, connaissances. Nous n'étions que des ombres destinées à se rencontrer pour mieux comprendre que nous n'étions pas sur le bon chemin, pour réaliser que nous faisions fausse route. Et regarde, tout a fonctionné ! Aujourd'hui, je sais que je ne pourrais plus aller vers telle ou telle personne, avec telle ou telle caractéristique, mode de pensée, conviction, valeur. Parce qu'il faut un minimum d'atomes crochus pour discuter. Pour que nos âmes s'aiment, en amitié comme en amour.
Je sais aussi, maintenant, que je me suis parfois attachée...en retard. Comme si je savais que je tenais très fort à la personne mais qu'il a fallu qu'elle parte pour que je me rende compte de la force de mes sentiments pour elle. C'est fou, non ? D'avoir un cœur au ralenti ! D'avoir peur d'aimer ! La personne était là, son cœur était là. Son monde m'était ouvert, elle m'avait donné la clé d'accès à son monde, à son cœur mais, qu'ai-je fait ? J'ai pris la clé et l'ai enfermée dans un coffre. Ce coffre s'est ouvert de lui-même quelques mois après. Quelques mois après, quand la personne m'avait refermé son monde, son cœur. Est-ce qu'on a le droit ? Est-ce qu'on a le droit de fermer son cœur et son monde aussi vite qu'on l'a ouvert ? Est-ce qu'on a le droit ? Est-ce qu'on a le droit de ne pas penser à l'autre dans ces moments-là, de ne pas se demander pourquoi cette personne ne veut pas venir dans mon monde, dans mon cœur ? De quel égoïsme peut-on être doté pour ne pas penser à moi ? Pour ne pas avoir pensé que, peut-être, j'avais peur ? Que, peut-être, j'avais besoin de temps ? Que, peut-être, j'aurais voulu entendre ces mots, ces paroles que je n'ai pas su, pas voulu voir dans ses gestes ? Quelle mouche m'a piquée ? Quelle mouche l'a piquée ? Quelle mouche a piqué la vie d'avoir créé l'humain de cette façon ?
Si j'avais su, si j'avais pu, si j'avais. Toujours des"si", n'est-ce pas ? Le monde ne se refait pas avec des si, les rencontres non plus. J'ai fait des erreurs et, maintenant, je sais. Je sais que ma façon de penser les autres est différente. Différente d'un peu tout le monde : de toi, des autres, de tout le monde et de personne en même temps. Faire des rencontres pour se construire, hein ? Je suis bien construite comme il faut, crois-moi !
Je ne sais qu'une chose (ce n'est pas que je ne sais rien, mais bien tenté) : j'aime plus que les autres. Tant pis. Ou génial. Cadeau ou fardeau, je ne sais pas encore, la vie me le dira sûrement plus tard. Mais oui, j'aime. J'aime plus que les autres parce que mon cœur ne vit pas pour moi mais pour les autres. Parce que je vis pour les rencontres, je vis pour les autres. Parler, découvrir, partager. J'ai ce besoin vital de donner de ma personne, de me donner entière et honnête dans chacune des relations que j'ai, qu'elle soit professionnelle, amoureuse, amicale, familiale. Je me sens vivante seule certes, mais également avec les autres. J'ai ce besoin de donner, d'aider, d'être l'oreille qui écoute des heures durant, qui donne son avis, ses conseils, sans jugement. Je suis cette épaule sur laquelle tu peux venir pleurer ou t'appuyer à n'importe quel moment. Mais ne me fais pas vaciller parce qu'après, c'est mon monde qui vacille, chancelle puis s'écroule. Il ne faut pas qu'il s'écroule, figure-toi que je me porte mieux quand mon monde brille de joie sur ses deux jambes. Oui, mon monde a des jambes, pas le tien ?
Alors parfois, pour évacuer tout ces sentiments et surtout pour ne pas finir folle, j'écris. J'écris sur toi, sur moi, sur le monde. Et ce que j'écris, c'est ce que tu lis.
Cogitez cogitez mesdemoiselles, à la prochaine !
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