Prisonnière

Publié le 23 mars 2023 à 11:30

 

 

Prisonnière.

 

Ces pensées pour toi, ces larmes pour toi, ce temps pour toi. Pour toi. Toujours pour toi, jusque dans mon cœur. Je devrais être la première à ne pas croire aux histoires d'amour. La violence, je l'ai vue. Les cris qui fusent, les vases qui se brisent, les portes qui claquent, les télévisions cassées, la police. J'ai vu, j'ai entendu, j'ai encaissé. Certains mots ne s'effacent pas : c'est ma cicatrice. Certains gestes ne s'effacent pas : c'est ma cicatrice. Je lui ai pardonné, mais je n'oublie pas. Bref, l'amour, je l'ai vu sous toutes les couleurs.

 

Pourtant, depuis toi, j'y crois. Deux ans. Nous nous étions vus deux jours, et pour moi, tout a changé. Sourire éphémère pour toi, éternelle caresse à l'âme pour moi. Depuis deux ans, je pense à toi. J'aurais pu sortir avec plein de gars. Six cette année, dont un flic de vingt-six ans le soir du nouvel An, à Milan. Mais ils ne m'intéressent pas. Ils me parlent, je m'en fous. Ils ne remplissent même pas le quart de la moitié de celui que je voudrais à mes côtés. De toi. A ce stade, c'est de l'obsession. Quand ça ne va pas, c'est à toi que je veux parler : je t'envoie un message alors même que cela fait des mois que je ne suis plus qu'un souvenir poussiéreux reposant dans un coin de ton esprit. Pour moi, tu es là comme tu étais là deux ans auparavant. Il n'a fallu que de ça, que de mes larmes pour que je t'envoie un message et que tout recommence. Je rêve de toi. Je ne t'ai pas raconté mes rêves en entier, tu m'aurais bloquée. Alors je t'ai raconté le jour et le soleil, pas la nuit et les étoiles. Je pense à toi, oui comme d'habitude, mais plus encore : j'attends chaque instant un petit message de ta part, message auquel il n'y aura rien à redire. Ce compliment, pourquoi tu me l'as demandé ? Maintenant je m'en moque, je parle encore plus comme je pense, j'ai bien compris la leçon. Me demander ça, ce n'est peut-être rien pour toi. Pour moi, c'est me demander d'aller te chercher la lune et de te l'offrir sur un plateau d'argent. J'exagère, mais à peine. Alors dis-moi. Dis-moi si tu me demandais ça pour faire la discussion, ou dis-moi si tu me demandais ça pour me tester. Pour savoir, parce que ça compte un tout petit peu pour toi. Dis-moi. Je deviens folle. Je pense à toi du matin au soir, je résiste à l'envie de t'envoyer un message à chaque instant qui passe, seulement pour te dire que je pense à toi. Je rêve de toi. Je nous vois tellement bien ensemble. Je nous vois partout. Une folle. A enfermer à l'asile. Mais le pire, c'est que rien ne fonctionne.

 

Le temps, j'en ai depuis deux ans. Des opportunités, ce n'est pas ce qui manque. De la distraction, j'en ai. La vie m'emmène, la vie t'emmène. Mais chaque chanson d'amour me fait penser à toi. Chaque petit détail de toi, je le vois partout. Les choses que tu aimes, je les vois partout. Depuis deux ans, et tous les fucking days. On ne se parle pas pendant des mois, et il suffit d'un seul message pour que je vrille encore plus.

 

Pourtant j'ai peur, tu sais. J'ai peur d'aimer. Je ne veux pas d'une histoire comme celle de mes parents. Elle m'a tellement détruite. J'ai des peurs, sûrement un peu bêtes, et sûrement parce que je n'ai jamais aimé. "Tu" es ce gars que j'aime.  J'ai peur de ne pas savoir comment faire, de ne pas répondre à tes attentes, à toi. Mais tu as intérêt à prendre ton temps et me dire les choses, sinon il n'y aura pas de "toi". Et si tu te trouves tracassé par cette appréhension de ma part, alors tu n'es pas le bon. Alors, on oublie cette non-peur ? La suivante : j'ai peur que tu partes. Que tu trouves mieux, ou pas assez en moi. Je suis ce "trop" ambulant, et je le sais. J'ai peur d'être trop insupportable, de poser trop de questions, de trop penser. Je suis déjà comme ça toute seule, et je ne pourrais pas le cacher. Alors j'ai peur que tu partes. Et enfin, j'ai peur d'aimer plus que l'autre. Toi et moi, on n'est même pas sortis ensemble, et je nous construis chaque jour un monde. Quand j'aime, c'est de tout mon cœur. De toute ma putain d'âme. Je sais que je penserai à toi, je rêverai de toi, je vivrai toi. Jusqu'à m'oublier, sûrement. J'ai peur que tu ne m'aimes pas autant, car j'aime avec tellement de force.

 

Ces peurs, je serai capable de les déposer dans le creux de ta main en te demandant de prendre soin d'elles : tu les apprivoiserai doucement, je le sais. J'en ai marre d'écrire sur toi. Maintenant, j'ai les larmes aux yeux, encore.

 

Les trois sentiments que je ressens le plus sont la solitude, le vide et l'incompréhension. Les trois sont liés. Je me suis toujours sentie à l'écart, pour des raisons plus ou moins différentes. Je n'arrive pas à dire ce que je pense. J'ai essayé d'en dire la partie émergée de l'iceberg, mais les autres ne me comprennent pas. Ne répondent pas comme je le voudrais. Amis, famille, tout le monde et personne. Personne, mon meilleur ami. Le vide, car il me manque toujours quelque chose. Je ne suis jamais heureuse. Incompréhension, parce que je comprends plus que les autres et que je ne comprends pas le sens de tellement de choses, et que je n'ai pas la réponse  à tellement de questions que j'en ai les larmes aux yeux. Ces questions existentielles, ces grandes questions aux réponses inconnues, je me les pose sans même m'en rendre compte. Je pourrais te les dire, tu ne te moquerais pas. Je n'oserai jamais les dire aux autres, d'abord parce qu'ils s'en foutent et ensuite parce qu'ils me prendraient pour une folle. Ça aussi, c'est dur. Ne jamais me sentir à ma place. En novembre, j'ai appris que j'avais un Haut Potentiel Intellectuel. Ça change beaucoup et peu à la fois. J'ai les mêmes capacités que tout le monde, seulement elles sont beaucoup plus développées, d'où cette sensation d'être un "trop" ambulant : je suis tout, mais "trop".

 

Bref, l'amour, je l'ai vu sous toutes ses couleurs. C'est moi qui conseille mes amis dans leur vie sentimentale. Ils se confient à moi, et je leur trouve la solution. On me dit que je donne de bons conseils et que je suis une bonne épaule. Et moi, quelle épaule est là pour moi ? J'aimerais que ce soit la tienne. Putain, j'en rêve depuis trois ans. Changeras-tu d'avis un jour, t'oublierai-je un jour ? J'espère que tu changeras d'avis, je le demande aux étoiles, tous les soirs.  Tous.  Les étoiles aussi me font penser à toi. Tu vois ? Je vis en enfer, et c'est le tien.

 

Alors oui, je suis prisonnière. Je suis prisonnière de mon propre cœur, qui ne veut pas tourner cette page inexistante, cette page du vide, cette page des larmes. Je vois toujours le bon en toi, même après toutes ces larmes que j'ai versées pour toi. Depuis que je suis retournée au collège, les garçons me regardent, et je n'aime pas ça. Tu sais, cette époque où le garçon envoie un ami pour demander à la fille de sortir avec lui ? Une petite dizaine sont venus me voir. Au lycée, mon ombre a fait fuir tout le monde. Et là, le monde me voit à nouveau. Mais ils n'ont rien, ils sont creux. De toute façon, je n'attends pas l'amour. Je t'attends, toi. Dans soixante ans, si ma voiture n'a pas encore tenté de me tuer, je t'attendrai, déambulateur en main. J'exagère, mais à peine. Prisonnière de toi, de moi, de mon cœur. Voilà ce que je suis. Ce soir, je parlerai encore aux étoiles.

 

 

Ajouter un commentaire

Commentaires

Il n'y a pas encore de commentaire.

Créez votre propre site internet avec Webador